Shirley, un voyage dans la peinture d’Edward Hopper (sortie cinéma / Histoire des arts)

Article publié le lundi 13 octobre 2014 par P.Pac
Mis à jour le jeudi 16 octobre 2014

Shirley, un voyage dans la peinture d’Edward Hopper, est un hommage à la peinture d’Edward Hopper et aux Etats Unis des années 1930 à 1960.

Une impressionnante reconstitution de treize tableaux prenant vie restituant le contexte social, politique et culturel à travers le regard du personnage féminin, Shirley. Une œuvre unique, véritable rencontre du cinéma et de la peinture.

FICHE TECHNIQUE DU FILM

Shirley, un voyage dans la peinture d’Edward Hopper

Titre original : Shirley, Visions of Reality

Année : 2013
Langue : anglais
Pays : Autriche
Durée : 1 h 32
Un film de : Gustav Deutsch
Avec : Stephanie Cumming, Christoph Bach

Treize tableaux qui prennent vie et donc treize scènes consécutives nous racontent la vie de Shirley, comédienne engagée new-yorkaise dont le parcours reflète celui de l’Amérique des années 1930 aux années 1960. Confrontée à la Grande Dépression, Shirley se retrouve obligée d’accepter des petits boulots pour vivre (ouvreuse de cinéma, secrétaire) car le théâtre ne paie plus. Tout plutôt que de se laisser « corrompre » par les sirènes d’Hollywood où l’argent coule à flots mais les œuvres perdent leur âme. Membre du Group Theatre puis du Living Theatre, Shirley ne renonce pas à ses idées politiques « subversives » alors que la chasse aux sorcières de Mc Carthy fait rage, traquant les artistes communistes où les empêchant simplement de travailler.
Alors que l’Histoire s’enfonce dans de nombreux conflits (la crise de 1929, la montée des fascismes en Europe, la Seconde Guerre Mondiale, les conflits raciaux et la lutte pour les droits civiques menée par Martin Luther King Jr), celle de Shirley est une lutte permanente contre la solitude et la recherche d’un équilibre entre concubinage et émancipation. Shirley rêve d’indépendance et rejette le modèle de femme au foyer des années 1950 mais ne renonce pas pour autant à l’amour ; comment s’aimer sans s’aliéner ? Shirley et son conjoint Stephen, photojournaliste au New York Post, cherchent à se soutenir sans se lasser l’un de l’autre, mais bientôt une autre question, encore plus terrible, se pose : comment survivre à la perte de l’être aimé ? Entre Paris et New York, ville et campagne, emploi et oisiveté, Shirley promène son questionnement existentiel d’une décennie à l’autre, toujours suivie de son poste de radio énumérant les petites et grandes nouvelles du monde.


13 tableaux

Hotel Room, 1931

Room in New York, 1932

New York movie, 1939

Office at Night, 1940

Hotel lobby, 1943

Morning sun, 1952

Sunlight on Brownstones, 1956

Western Motel, 1957

Excursion into Philosophy, 1959

Woman in the Sun, 1961

Intermission, 1963

Sun in an Empty Room, 1963

Chair Car, 1965


Compléments :

Quelques éléments présents dans le film pour la mise en perspective.

Auteur lu par Shirley (poétesse américaine née en 1830 très appréciée par Hopper)

Chasse aux sorcières à Hollywood : films censurés, acteurs, réalisateurs et scénaristes interdits de travail ou condamnés à des peines de prison... La chasse aux communistes, ouverte en 1947 à Hollywood, renoue avec une tradition née bien avant la Seconde Guerre mondiale : traquer par tous les moyens les mauvais sujets coupables d’« activités antiaméricaines »

http://www.histoire.presse.fr/collections/l-empire-americain/chasse-aux-sorcieres-a-hollywood-03-02-2000-9990

"Hound Dog" titre chanté par par la chanteuse afro-américaine de Blues "Big Mama" Thornton dès 1952 et repris en 1956 par Elvis Presley.


Dans la mise en scène de "Excursion into Philosophy" Shirley lit LA REPUBLIQUE du philosophe grec Platon. Le mythe de la caverne est évoqué.

L’allégorie de la Caverne, la plus célèbre de Platon, donne une représentation imagée de l’état de notre nature relativement à la connaissance et à l’ignorance. Elle n’a pas seulement une valeur didactique pour tel point particulier de la philosophie. Elle résume, en fait, la condition humaine dans son rapport à la connaissance, mais aussi ce qu’est la dialectique et en quoi consiste la vocation du philosophe dans sa relation aux autres hommes.

 « Figure-toi , écrit Platon, des hommes dans une demeure souterraine, en forme de caverne, ayant sur toute sa largeur une entrée ouverte à la lumière ; ces hommes sont là depuis leur enfance, les jambes et le cou enchaînés, de sorte qu’ils ne peuvent bouger ni voir ailleurs que devant eux, la chaîne les empêchant de tourner la tête ; la lumière leur vient d’un feu allumé sur une hauteur, au loin derrière eux ; entre le feu et les prisonniers passe une route élevée : imagine que le long de cette route est construit un petit mur, pareil aux cloisons que les montreurs de marionnettes dressent devant eux, et au-dessus desquelles ils font voir leurs merveilles.  » Platon, La République, livre VII

Un jour, un des prisonniers est conduit à la lumière du jour, et là , il voit les objets naturels et le soleil tels qu’ils sont réellement. D’abord aveuglé, il sera, par la suite, heureux de cette connaissance et ne voudra pas retourner en esclavage. Si par amour pour ses semblables, il retourne quand même dans la caverne, il n’y distinguera d’abord que peu de choses, ses yeux s’étant habitués à la lumière. Puis, il expliquera à ses anciens compagnons l’erreur qu’ils commettent à prendre pour réalité ce qui n’est qu’illusion. Mais ils le prendront pour un fou et tenteront de le punir pour de telles affirmations.

La caverne est le lieu d’un passage, d’une épreuve, dans le chemin vers la vérité. L’allégorie de la caverne présente de manière imagée l’ascension philosophique vers les Idées et vers l’unité. La philosophie est avant tout une éducation : e-ducere, c’est « sortir hors de », s’élever hors de la caverne de son ignorance et de sa dépendance. Elle est quête d’autonomie intellectuelle. Elle exige d’apprendre à penser par soi-même, à trouver soi-même les réponses aux questions fondamentales qui se posent à travers son existence.

http://www.philo5.com/Les%20philosophes%20Textes/Platon_LaCaverneDePlaton.htm#_01



Ornette Coleman "Lonely woman" 1959 est le titre que l’on entend durant la scène "Woman in the Sun".

Ecoutez aussi la version du MJQ *

Film projeté au cinéma : "une aussi longue absence" 1961 de Henri Colpi -scénario et dialogues de Marguerite Duras- Palme d’or à Cannes en 1961.

Dans ce film, une jeune femme croit reconnaître son mari, déporté quinze ans plus tôt, sous les traits d’un paisible clochard récemment arrivé en ville. Patiemment, elle va chercher à apprivoiser cet inconnu sans mémoire



"I have a dream " (« Je fais un rêve ») est à la fois le nom du discours le plus célèbre de Martin Luther King et le point d’orgue du Mouvement des droits civiques. Ce discours, prononcé le 28 août 1963, devant le Lincoln Memorial, à Washington, D.C., est généralement considéré comme l’un des plus grands et des plus marquants du XXe siècle



* Version Lonely woman par le MJQ en 1962


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